La lâcheté de l’Occident par Alexandre Soljenitsyne, dans son discours de 1978 à Harvard : ce grand écrivain russe avait tout compris.
« Le déclin du courage est peut-être le trait le plus saillant de l’Ouest aujourd’hui pour un observateur extérieur. Le monde occidental a perdu son courage civique, à la fois dans son ensemble et singulièrement, dans chaque pays, dans chaque gouvernement, et bien sûr aux Nations unies. Ce déclin du courage est particulièrement sensible dans la couche dirigeante et dans la couche intellectuelle dominante, d’où l’impression que le courage a déserté la société tout entière.
Bien sûr, il y a encore beaucoup de courage individuel, mais ce ne sont pas ces gens-là qui donnent sa direction à la vie en société. Les fonctionnaires politiques et intellectuels manifestent ce déclin, cette faiblesse, cette irrésolution dans leurs actes, leurs discours, et plus encore dans les considérations théoriques qu’ils fournissent complaisamment pour prouver que cette manière d’agir, qui fonde la politique d’un Etat sur la lâcheté et la servilité, est pragmatique, rationnelle et justifiée, à quelque hauteur intellectuelle et même morale qu’on se place. »
Alexandre Soljenitsyne
Ecrivain russe
(1918-2008)
Prix Nobel de Littérature 1970
Ses romans, parmi d’autres écrits :
Une journée d'Ivan Denissovitch (1962), Paris, Julliard, 1963.
Le Pavillon des cancéreux (1968), Paris, Julliard, 1968.
Le Premier cercle (commencé en 1955, version finale en 1968), traduit en français cette même année, Paris, Robert Laffont, 1968, (ISBN 2-213-01157-5).
Août quatorze : premier nœud (série de livres (nœuds) en plusieurs volumes (tomes), de 1972, traduits en français à partir de 1983 sous le titre commun La Roue rouge), Paris, Fayard, 1983.
La Roue rouge : deuxième nœud, Novembre seize, Paris, Fayard, 1985.
La Roue rouge : troisième nœud, Mars dix-sept, (4 tomes), Paris, Fayard, 1993-1998.
Aime la révolution !, (roman inachevé, écrit en convoi militaire en 1941), traduit en français, Paris, Fayard, 2007.
La Roue rouge : quatrième nœud, Avril dix-sept (2 tomes), Paris, Fayard, 2009-2017
Poèmes de Henri de Meeûs
Le beau soleil d’avril
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Ce n’est plus le printemps c’est déjà l’été
Les femmes sont légères dans des robes de tulle
Les hommes ont des tee-shirts et des pantalons de toile.
Sur la terrasse nous buvons des cafés noirs
Pour nous détendre on allume des cigares
Et la fumée tombe droite parfumant nos voisines
Qui tirent la tête nous font mille grimaces
De dégoût car elles détestent les hommes
Trop masculins dont les moustaches sombres
Leur rappellent leur père l’emmerdeur du logis
Qui tétait ses havanes et lançait sa salive
Dans des carafes vertes où nageaient des crapauds.
Ah que c’est long de t’attendre dans ce café jauni
Devant les plats de viande et les rutabagas
Personne sur les trottoirs la chaleur est trop forte
Deux chats noirs se pressent timides sous les arbres
Disparaissent pépères poursuivis par leur ombre.
Quand viendras-tu longeant l’avenue claire
Ton chapeau blanc à la main comme un soldat fourbu ?
Je te tends mon mouchoir la sueur sur ton front
Coule ah mon cœur tu ruisselles
D’avoir marché dans cette canicule
Il fait trop chaud pour ce début d’avril
Ouvre ta chemise il fait si bon ici.
Henri de Meeûs, 2007
Fin de vie
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Tant de jours se libèrent, tant de nuits solitaires
L’espace est vide et les étoiles ont fui.
Les paupières cousues et la bouche muette
J’avance à tâtons sur le chemin des ruines,
Des ombres se détachent pour me tendre la main.
Je refuse les signes je perds ma fierté d’homme
Douleur est mon partage je voudrais sentir les roses
Qui chez ma mère décoraient ses jardins.
Quel souffle encore faut-il pour bien mourir ?
Je tire au sort les pensées d’amertume
Qui me tiennent serré dans mon cerveau malade
Pour quel ange sourire
Pour quel démon se perdre
Qui me dira si les nuages passent
Dessous le bleu du ciel ô mon père ô ma mère
Vous avez disparu me laissant seul dans les gravats du temps
Je n’ai plus que mon chien pour les câlins du soir.
Mon cœur est une glace et je prends la tangente
Sur le chemin des astres le silence est la règle
On se perd on se damne nul abri ne vous couvre
Nul baiser sur ma bouche de tendre
Nul geste d’une douceur bénigne
Pour m’aider à descendre
Les marches de plomb les dernières du jeu.
Le gouffre s’ouvre méchant, les cris sont pour demain
La chanson des morts s’entonne dans le noir.
Henri de Meeûs, 2007
PROMENADE
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Quand la lumière comme une flèche
Parcourt les verdures
Du parc. Je regarde
Les oiseaux gris qui piétinent
Tête basse les pelouses rases
Je me dis quelle splendeur
De marcher dans cet air.
O mon Seigneur, c’est la beauté
Qui tremble portée par la douceur
Du vent.
O mon soleil ô mon tendre chant
D’amour qui retentit
Sous les feuilles des bouleaux
Que je meure dans la lumière
Que je perde mes sens
Dans cette beauté d’azur et s’or
Finir bientôt dans l’éclat d’un œil
De corbeau guettant l’insecte mort
Sur les berges du lac.
Mon repos dans le cœur, ma paix, mon Dieu
Que je la reçoive sans pleurs
Tendu vers vous comme un arc
Et crever l’espace.
Henri de Meeûs, 3 mai 07
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