Poèmes
COVID
Si tu savais, si tu savais, reclus malade du Covid
Après deux mois dans le sommeil sans t’éveiller jamais
Au lit les yeux fermés, dormant, dormant,
Aux mains des infirmiers, hommes, femmes,
Et tous ces tuyaux qui te traversent
Pour que tu vives
Ton réveil fut pénible
Ils durent s’y reprendre à plusieurs reprises
La trachéotomie de ta gorge ouverte pour aspirer l’air
T’avait rendu inaudible, ta voix sans force
Pendant ces deux mois de coma provoqué,
Les visites furent interdites
Puis réveillé tu as demandé ma présence.
Je parcourais les couloirs de la clinique
Entrais dans ta chambre celle du fond
Il y avait peu de passage après quatre heures
Pour te comprendre, j’approchais mon oreille
De ta bouche sans rien comprendre
De ce que tu voulais dire.
Puis la gorge percée fut refermée
Et très doucement tu repris tes esprits
Pendant deux autres mois où les appareils
Continuaient d’observer toutes tes coutures
Pauvre martyr, tension trop haute puis trop basse,
Petit infarctus, pneumonie, et d’autres morbidités.
Je te donnais à boire.
Il ne fut jamais possible de connaitre le détail de tes tourments
Le personnel médical renseignait peu les proches
Trop de malades
Ou bien, ils disaient la situation est stationnaire
Sans qu’on sache si tu allais mourir.
Plusieurs fois, on a cru que tu ne te remettrais pas.
Ta mort, insupportable hypothèse.
On restait une demi-heure près de ton lit
Sans parler pour ne pas te fatiguer
Puis au revoir, au revoir, à demain
Ne veux-tu pas que je t’apporte quelque chose
Ta tête répondait non.
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HIVER
La lumière s’est enfuie, les oiseaux se sont tus,
Les rues sont désertes, il faut le dire
La guerre approche, les gens ne sortent plus
Sauf quelques courses, vite, vite.
On annonce une épidémie, la sixième en trois ans
Venant de Chine et d’Amérique.
Qui calculera le nombre des morts ?
Tabou ce sujet, on ne rit plus, les fêtes sont finies
Protégeons les enfants, les vieux, les malades.
Revient le temps des provisions, des files sans patience
Les masques sont de sortie.
Entendez-vous le bruit des canons
Aux frontières de l’Ukraine où s’entassent les morts ?
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H de Meeûs, décembre 2022