J’admire le calme des Belges au milieu de cette pandémie. Ils sont résignés, obéissants à 95% aux consignes de distanciation, même si certaines familles avec parents et enfants déambulent groupés sur les trottoirs et arrivent face à vous l’isolé, le masqué, cherchant un espace pour ne pas s’y frotter, même si certains fanatiques de jogging s’époumonent dans les rues et les avenues, au risque de vous asperger de leurs gouttelettes à longue portée.
Les Belges ne crient pas, et hurlent encore moins. L’absurdité d’avoir 9 ministres de la santé, régionaux ou fédéraux, ne semblent pas les émouvoir, cela fait partie du folklore, on s’habitue, même si personne ne connait le nom de ces ministres, sauf celui de la célèbre Maggie De Block l’unique ministre fédérale, embrouillée dans le dossier des masques manquants, renvoyés avant l’épidémie parce que périmés et parce qu’ils occupaient de trop coûteux espaces de stockage. Plus on commande de masques à la Chine, plus on constate à la livraison, qu’ils sont défectueux et doivent être renvoyés à l’expéditeur. Bravo aux fonctionnaires acheteurs !
Peuple belge pacifique enterrant ses morts discrètement, annonçant que plus tard, une messe ou une cérémonie plus officielle seront prévues, « en raison des circonstances actuelles ».
La Belgique est victime de la densité de sa population. Trop de villages, trop de villes, serrées les unes contre les autres, en Flandre, dans le Limbourg et le Hainaut. Seules les provinces de Namur et de Luxembourg, aux larges espaces où les petits villages, dispersés entre les prairies, les bois, et les forêts, échappent à l’hécatombe.
Certains sont héroïques, les femmes surtout, à la recherche de nourriture dans les grands magasins, empoignant les caddies, traversant les rayons pour saisir ce qui nourrira leurs progénitures, comme ces oiseaux qui toute la journée picorent des insectes pour les rapporter au nid.
Honneur aux femmes clientes, honneur aux femmes vendeuses collées à leur caisse durant des heures, au début sans masque, tardivement protégées, souriant encore mais « une boule dans le ventre », honneur aux femmes jeunes et moins jeunes, emprisonnées volontaires dans les séniories avec les vieux et les vieilles.
Ô vous pauvres malades, créatures qui furent si belles jeunes, pimpantes, joyeuses, et maintenant isolées, plus seules que seules, sans l’espérance d’une visite, ni celle de revoir les enfants et les petits-enfants, prisonnières dans l’Enfer de Dante. Et toujours la perspective qui les hante, être déplacées vers l’hôpital, et y mourir dans les salles de tortures, les entubages, le curare, le coma prolongé trois semaines parfois, les cauchemars, les morts qui rôdent autour de votre lit.
Ils vous appellent, les morts : « Venez, venez, accompagnez-nous, notre train est là. »
Et les machines techniques à qui elles seront obligées de confier leur pauvre corps épuisé, et se laisser pénétrer par les anneaux de poulpes respirantes qui vous soufflent dans les poumons un air aseptisé.
Les vieux meurent comme des mouches, car pas testés à temps, contaminant leurs soignants, et ceux avec qui ils jouaient aux cartes ou à qui ils murmuraient toujours la même histoire qui ne faisait plus rire personne.
Des anges médecins et infirmiers les assistent, malades aussi, ayant décidé de ne pas les abandonner. Honneur à ces saints et à ces saintes, qui exposent leur vie au risque de la perdre, pour apporter aide et assistance aux vieillards oubliés que le Gouvernement n’a pas sauvés, préférant les hôpitaux aux maisons de retraite, de déments, d’handicapés. Qui oubliera les victimes ? Plus de 7.000 le 26 avril 2020.
Horreur, on est obligé de crier, c’est insupportable ce cauchemar qu’on retrouve au réveil chaque jour, depuis des semaines,!
Que d’êtres prêts à sacrifier leur vie pour d’autres. Le matin à 7 heures, je promène mon chien, profitant qu’il n’y a personne dehors. Un tram passe chaque jour, à la même heure, dans l’avenue. Je salue ce courageux conducteur qui commence sa journée et devra respirer tout le jour l’haleine de centaines de passagers, avec masques ou sans masque. Et il a une femme et des enfants, et il est payé mais pas beaucoup.
Admirables personnes dévouées à la société dans toutes les activités nécessaires à maintenir la vie, soyez remerciées et bénies. Ces personnes, si elles meurent, retrouveront le Christ dans l’infini de l’Amour, car « il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. » (Jean, 13, 15).
Et Dieu dans tout cela ? Notre Père Créateur, maître des mondes visibles et invisibles, Pur Esprit, par qui tout provient, Amour infini, Puissance infinie, Justice infinie, est-ce Vous qui avez lancé cette pluie de virus sur la moitié de l’humanité ? Pour quelles raisons ? Etes-vous le semeur actif ou l’observateur passif qui contemple avec désolation le malheur de ses créatures ?
Voici ma réponse :
1°) Notre terre n’est pas encore le Royaume de Dieu. Le Notre Père, prière universelle des chrétiens, insiste bien sur la demande « Que Votre règne vienne ».
Dans les Evangiles, il est dit plusieurs fois : « Le Royaume de Dieu est proche. »
Proche veut dire qu’il va venir, qu’on l’attend, mais il n’est pas encore là.
Il y a donc une béance, une absence de Dieu, provisoire sans doute sur la Terre.
Mais le Royaume de Dieu est proche !
2°) Qui est le maître de cette Terre, de ce monde visible où les hommes et les femmes travaillent, font des petits, usent leur vie à gagner leur pain quotidien, vieillissent, tombent malades et meurent ?
Ces êtres humains sont aussi très intelligents, ont conquis les zones les plus reculées de la planète, se sont posés sur la Lune, ont mis au point les inventions les plus inouïes tant pour la défense de l’être humain que pour sa destruction.
Et qui organise cette vie de plus de 6 milliards d’êtres humains ? Si ce n’est pas Dieu dont le règne est attendu ? C’est le Démon (anagramme du mot Monde), c’est lui le Démon roi du monde, le roi du fric, de la jouissance, de la corruption, des maffias, des nazis, des fanatiques tueurs de chrétiens sur toute la planète, c’est lui l’auteur de tous les maux, c’est lui qui est derrière les attentats du 11 septembre comme c’est lui qui met en place les mécanismes de guerres épouvantables et meurtrières, c’est lui qui a inspiré la Shoa aux criminels allemands, c’est lui qui accompagne les mourants après les avoir soumis aux maladies les plus épouvantables, c’est lui qui agite les tremblements de terre, les tsunamis, les typhons, les éruptions volcaniques, et autres déluges, c’est lui qui invente les fusées de l’Apocalypse.
Le Démon est le pire ennemi de l’humanité. Derrière chaque agonisant, se cache le Démon qui ricane. Cette pluie de virus le remplit d’aise.
Mais c’est Dieu qui a le dernier mot, chaque fois, dans la Vie éternelle, dans l’infini de son Amour.
Dieu permet au Démon une action relative, mais pas complète. Il tolère certaines de ses pratiques afin de montrer aux hommes que Lui, Dieu, est toujours à l’arrière-plan, qu’il voit tout, sait tout, mais permet certains maux afin de réveiller ses créatures qui L’ont oublié, qui croient qu’Il est un mythe, une superstition, une ineptie dont on peut se moquer, (« la mort de Dieu »), qu’Il ne compte pas, qu’il ne faut pas Le révérer, L’adorer, alors que Dieu veut que nous le prenions comme l’auteur et le centre de notre vie, plutôt que de nous gaver de plaisirs, de consommations les plus diverses, de dépenses, de foot, de sexe, et d’argent ?
L’obsession du monde est l’argent. Le dieu Mammon ! Qui pense à Dieu dans cette vie de cocooning et de parfait égoïsme, de gains tout azimut ? Jusqu’au jour où une catastrophe mondiale, soudaine, inattendue, fracasse les tranquilles certitudes. Dieu reprend sa place et son Royaume est proche. On entend les cris de sa Création : Il vient, le Seigneur vient ! Panique chez les intendants des domaines qui ont tout abîmé. Ils vont devoir rendre des comptes. La Justice de Dieu est infinie.
Quand je sors un masque sur le nez et la bouche pour la promenade avec mon chien, à mes risques et périls, le premier bruit, à peine dehors, est la sirène d’ambulances. Mes pensées vont à au malade ou au mourant qui par ce beau soleil d’avril, est seul, transporté à toutes vitesse, vers la chambre des horreurs, où les médecins le sauveront. Espoir.
Mon chien ne sera pas malade. Les virus n’ont sur lui aucune prise. Ma fragilité montre la supériorité du chien indemne de toute maladie dans cette période calamiteuse. Lola est joyeuse, fraîche, a un appétit excellent, râle que je ne l’emmène pas au parc où il y a tant de personnes qui ne respectent aucune mesure de distanciation, pourtant répétées sur tous les tons de toutes les radios et de toutes les télévisions. Mais les jeunes très peu touchés par la maladie se fichent de frôler les vieux qui, derrière leur masque, leur lancent des regards noirs, si noirs que certains vieillards sont obligés de lever leur canne pour écarter les freluquets porteurs de mort.
Des amis ont choisi depuis plusieurs années de vivre en Algarve, au bord de la mer et sous le vent du large. Très peu de maisons autour de la leur. Aucun contact avec personne. Sauf pour la recherche de provisions une fois par semaine. Logiquement, leur vie n’est pas en danger. Mais les conséquences économiques du virus sont pour eux catastrophiques, avec une profession active dans le tourisme : locations d’appartements, de gîtes, dans ce pays tranquille, accueillant, où le beau temps règne toute l’année. Ils gagnent leur vie et remboursent leurs emprunts.
C’est maintenant l’heure des décomptes, des hypothèses construites sur le retour des touristes anglais, allemands, rentrés chez eux. Reviendront-ils ? Le désert touristique, les frontières fermées, à quand le beau temps des touristes qui avaient choisi le Portugal comme paradis ?
Leur jeunesse est inquiète, ils ont beaucoup travaillé, Ils voient que les projets humains reposent souvent sur des châteaux de sable que la mer emporte sans prévenir.
Investir est toujours un risque. C’est tantôt la Bourse qui s’effondre, tous les 10 ans maintenant, ou bien c’est l’échec d’une affaire tenue par un indépendant, ou celui de toute une industrie qui mènera des centaines de travailleurs au chômage.
Il ne faudra pas s’étonner que les classes sociales sans métier se révoltent. Bonjour les dégâts. Ceux causés par les Gilets Jaunes à Paris ne seront que de petites échauffourées à côté de ce qui viendra.
Prière en temps de calamités
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Mon Seigneur et mon Dieu,
Humblement devant votre présence invisible
Je vous remercie de nous tirer de cette épidémie du Diable
Qui nous fait peur du plus petit au plus âgé
Ce n’est pas drôle du tout
De marcher dans la rue avec un masque sur le nez
De faire la file dans les grands magasins pour chercher notre pain quotidien
Ayez pitié de nous, vous qui savez tout, qui voyez tout,
Suspendez votre courroux si vous êtes fâché
Parce qu’on ne pense plus à vous
Que nos prières sont absentes, intéressées ou trop froides
Ou parce que nous n’aimons pas assez les malheureux.
Comme les Juifs dans le désert qui avaient construit l’idole d’un Veau d’or
Plutôt que de faire appel à Vous
Amour infini, Joie du Ciel,
Créateur des mondes visibles et invisibles
Aie pitié de nous, mon cher Dieu,
Pitié pour les malades, les mourants
Le virus épargne les animaux,
Ils sont si beaux
Il y a eu assez de morts que Tu as rappelés auprès de Toi
Délivre-nous.
Amen.
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H de M (avril 2020)